Une délégation de haut niveau comprenant les ministres italiens de l’Intérieur, Luciana Lamorgese, et des Affaires étrangères, Luigi Di Maio, Ylva Johansson, commissaire européen à la migration, aux affaires intérieures et à la citoyenneté, et Olivér Várhelyi, commissaire européen pour le voisinage et l’élargissement, sera reçue à Carthage aujourd’hui.
C’est la première fois qu’une délégation réunissant toutes ces personnalités rencontrera Kaïs Saïed. L’objectif de cette visite est clair : comment gérer l’épineuse question de la migration irrégulière à l’avenir. En effet, les signaux favorables aux requêtes des Italiens envoyés par Carthage sont multiples et concrets. Une visite sur terrain à Sfax et Mahdia effectuée par le Chef de l’Etat a donné le top départ à la chasse aux passeurs. Depuis, plusieurs parmi ces derniers ont été interpellés et diverses tentatives d’émigration irrégulière ont été déjouées. De plus, l’Italie a pu entamer l’expulsion massive de migrants à destination de Tunis à raison de deux vols par semaine, comme le stipule la convention signée en 2011 et renouvelée en 2017.
Certes, un nouveau projet de décret sur la migration est en cours d’élaboration pour remplacer celui élaboré à l’époque de Matteo Salvini.
Mais la présence des deux commissaires européens n’est pas gratuite. Ce sont les Italiens qui ont tenu à associer les représentants européens à l’ordre du jour de cette visite. Car la migration irrégulière est une question qui concerne l’Europe, pas uniquement l’Italie. D’ailleurs, la vision italienne est claire comme de l’eau de roche. On ne peut stopper toutes les barques sans éradiquer les problèmes qui poussent les gens à partir. Selon Luciana Lamorgese, « la situation économique et sociale en Tunisie est très inquiétante et l’Europe doit soutenir cette jeune démocratie pendant cette épreuve ».
La rencontre avec Saïed promet donc d’aboutir à une série de mesures bénéfiques à toutes les parties. Les relations bilatérales sont au beau fixe et les Italiens veulent donner un coup de pouce à la Tunisie. Ils n’ont pas non plus oublié le geste du Chef de l’Etat envers leur pays en pleine crise du Covid-19 quand il a ordonné l’envoi d’une équipe médicale et des équipements médicaux en Italie, alors que d’autres pays européens se sont repliés sur eux-mêmes. Cependant, il ne faut pas sacrifier les droits des migrants tunisiens irréguliers sur l’autel des aides et des dons.
Régulariser le séjour de quelque quinze mille Tunisiens déjà sur place n’est pas impossible. Il suffit de savoir le faire. Béji Caïd Essebsi n’a-t-il pas obtenu des permis de séjour pour 25.000 Tunisiens ?